Les données comme boussole pour la politique de santé: Niger

Le partenariat avec le Niger a permis de maintenir une collaboration scientifique de longue date, de produire des recherches de haute qualité destinés à des publics divers et de partager ces informations avec les décideurs.

Le Niger est l’un des pays d’Afrique subsaharienne confronté de manière récurrente à la sécheresse, à l’insécurité alimentaire et aux troubles politiques. Malgré cette situation, le Niger a été le seul pays d’Afrique de l’ouest à atteindre le quatrième objectif du Millénaire pour le développement (OMD) qui porte sur la réduction d’au moins deux tiers de la la mortalité des enfants de moins de cinq ans entre 1990 et 2015.

Dans une des études thématiques du Countdown de 2012 sur les raisons du succès du Niger, Agbessi Amouzou de l’Université Johns Hopkins (JHU) écrivait : « Le succès du Niger en matière de survie de l’enfant confirme l’importance de la production régulière de données de qualité sur la santé maternelle, néonatale et infantile à travers des rapports periodiques et des enquêtes auprès des ménages mais aussi l’importance d’avoir des compétences nationales en matière de production de  données pour guider les programmes et les politiques en faveur des femmes, des nouveau-nés et des enfants. »

Aujourd’hui, le Niger dispose d’une mine de données sanitaires provenant d’enquêtes nationales, d’informations de routine sur la santé et des résultats des études et des recherches. « Toutes ces informations réunies permettent donc d’élaborer des stratégies et des politiques, basées sur des données probantes », note le Dr Mounkaila Aida, Directrice des Statistiques du Ministère nigérien de la Santé Publique, de la Population et des Affaires sociales.

La collaboration actuelle du Countdown au Niger s’inscrit dans le cadre d’un renforcement de capacités entre les chercheurs en santé publique et les responsables de la mise en œuvre des programmes au Niger et l’Université Johns Hopkins par le biais de divers mécanismes de financement qui ont débuté il y a plus d’une décennie. Au cours de la période 2020-2022, la collaboration avec le Niger a permis la production de cinq rapports thématiques, cinq policies briefs (notes d’orientation), le rapport de  l’étude “exemplar” sur la santé maternelle et néonatale et deux articles scientifiques. L’ensemble de ces résultats ont été porté non seulement à l’attention des décideurs au Niger mais aussi aux publics de part le monde.

« Nous voulons vraiment que le Countdown soit une vitrine ou, disons, une boussole pour le Ministère en charge de la santé pour les interventions dans le domaine de la santé maternelle et infantile », a déclaré M. Ousseini Lamou Youssoufa, Directeur des Statistiques et des Études Démographiques et Sociales de l’Institut National de la Statistique (INS) du Niger.

Depuis le lancement du projet jusqu’à la diffusion des résultats finaux, la collaboration Countdown a permis de recueillir les avis des personnes impliquées dans la mise en oeuvre de politiques et programmes de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, à travers des réunions, des interviews, ainsi qu’en examinant des documents dans le cadre de l’étude sur les modèles. Des rapports, des policies briefs (notes d’orientation) et des articles scientifiques ont été élaborés par une équipe technique composée de cadres de l’Institut National de la Statistique (INS) et de certaines directions du Ministère en charge de la santé (Direction des Statistiques, Direction de la Planification familiale, Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant, Direction des Immunisations, Direction de la Surveillance et de la riposte aux Epidémies, et Direction de la Nutrition), des représentants des partenaires techniques et financiers (tels que l’UNICEF, l’OMS et l’UNFPA), ainsi que le Mécanisme de Financement mondial (GFF). L’équipe technique a développé certains thèmes en collaboration avec l’équipe de soutien de l’université JHU. Des groupes de travail thématiques plus restreints ont ensuite été créés ; ces groupes ont élaboré des plans d’analyse, qui ont été développés au cours d’ateliers d’analyse des données. Des ateliers de validation ont été également organisés pour partager les résultats avec les responsables des institutions partenaires afin de recueillir leur avis. Après validation, les rapports ont été finalisés et partagés avec l’ensemble de la communauté de chercheurs et des acteurs du système de santé au Niger puis diffuser sur le site web de l’INS. Ce processus a été soutenu par des appels bimensuels entre les partenaires du Countdown au Niger et les chercheurs du JHU et du APHRC.

Entre décembre 2022 et septembre 2023, l’équipe a procéder à la dissémination des résultats au cours d’évènements de grande envergure, dont entre autre :

  • Une réunion du comité de Direction de l’INS ;
  • Une présentation des résultats du Countdown aux acteurs du système d’information sanitaire ;
  • La réunion annuelle des gestionnaires de données du Niger
  • La journée nationale de néonatalogie ;
  • Une réunion nationale sur la recherche en santé ;
  • La réunion de revue annuelle du système de santé qui a rassemblé plus de 200 personnes dont la presse, les partenaires techniques et financiers et les professionnels de la santé, les gestionnaires de données des districts sanitaires, des régions et des hôpitaux ainsi que les responsables du suivi et de l’évaluation des directions et des programmes au niveau central.

L’un des messages clés de ces présentations était la nécessité d’étudier d’avantage la récente hausse du taux de mortalité néonatale, constatée avec l’enquête nationale sur la fécondité et la mortalité des enfants de moins de cinq ans de 2021 (Enquête ENAFEME). En effet, Le Groupe inter-agences des Nations Unies pour les estimations de mortalité estime que le taux de mortalité néonatale s’est maintenu autour de 34 décès pour 1000 naissances vivantes depuis 2010 ; alors que les resultats de l’ENAFEME 2021, ont révélé que la mortalité néonatale est passée de 34,28 en 2012 à 40,82 en 2018.

« C’était donc une grande déception, une grande surprise et en même temps une source d’inquiétude pour les acteurs du secteur de la santé, qui cherchent à comprendre les raisons de cette hausse. « . Dr Mounkaila Aida : « Ils souhaitent vraiment que cela soit pris en compte dans les prochaines analyses de la phase III du Countdown ( 2022-2025). »

L’équipe a déjà élaboré un plan d’analyse pour répondre à cette question, en utilisant une combinaison de données d’enquête et de données sur le système de santé. Le prochain cycle d’analyse comprendra une analyse approfondie sur la santé maternelle et néonatale, la césarienne, la vaccination, la fécondité et la planification familiale. Comme l’a noté Amouzou, « l’analyse des données du Niger par des chercheurs nigériens en collaboration avec le Ministère en charge de la santé permet de mieux contextualiser les résultats et de faciliter l’utilisation des résultats pour soutenir l’évaluation des performances en matière de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile, et d’affiner la programmation ». Telle est l’essence actuelle de la collaboration nationale du Countdown ».

Rapports technique (RT) et policy briefs (PB) :

  • Prévalence Contraceptive et Fécundité: RTPB
  • Qualité des Soins Maternels et du Nouveau-Né: RTPB
  • Mortalité Néonatale au Niger: RTPB
  • Malnutrition Chronique: RTPB
  • Couverture et équité: RTPB

Articles de journaux:
Climate shocks and nutrition: The role of food security policies and programs in enhancing maternal and neonatal survival in Niger

Health service utilisation during the COVID-19 pandemic in sub-Saharan Africa in 2020: a multicountry
empirical assessment with a focus on maternal, newborn and child health services

Analyse multi-pays: Leaving No Woman and Child Behind: Inequalities in Nutrition Coverage and Status Among Women, Children and Adolescents in West Africa ž

Les études exemplaires